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commerce education tech & net accueil tech & net diaporamas toute l'actu high-tech tourisme voyages nos guides de l'été spécial paris villes imprimez | réagissez | classez marseille - langage quand la france parle le marseillais 11/10/2007 - olivier-jourdan roulot - © le point - n°1830 avec son sens aiguisé de la dérision et de l'observation, la langue marseillaise possède la capacité de décrire les choses en peu de mots, avec une précision chirurgicale. du coup, les expressions de la cité phocéenne rencontrent un succès grandissant bien au-delà du vieux-port. les spécialistes sont unanimes. depuis une quinzaine d'années, ils constatent un net regain d'intérêt pour les mots du parler marseillais. a les en croire, la diffusion des expressions imagées qui font la signature sonore des rues de la ville ne cesse de gagner des « parts de marché ». « les mots marseillais ? les lecteurs adorent », assure patricia maire, membre du comité éditorial du petit larousse. l'époque sublimée des années 30, avec une tête d'affiche nommée marcel pagnol, fut portée par l'engouement pour une production marseillaise riche en opérettes, chansons et music-hall. une nouvelle ère s'est ouverte avec le début de la décennie 90. une période que nathalie binisti, spécialiste du parler local, qualifie de réveil identitaire. ce qui s'exprime aussi bien dans la musique, à travers le rap, le rock ou le raggamuffin, que dans la littérature, avec l'éclosion du « polar aïoli ». « quand j'ai commencé à écrire , rappelle gilles del pappas, il était de bon ton que le polar se passe à paris, avec un héros baptisé smith s'exprimant dans un français châtié. » le trait est sans doute un peu forcé, s'agissant de la langue châtiée du fameux smith, mais témoigne bien d'une réalité quant à la reconquête du marseillais. a l'évidence, les écrivains figurent parmi les plus efficaces ambassadeurs de la langue de cette ville. peut-on aller jusqu'à prétendre qu'il existe des mots pagnol ou même des mots izzo ? certains éléments le laissent penser. ainsi, le verbe escagasser (abîmer), qui devrait faire son entrée dans le petit robert 2009, « a été véhiculé par pagnol avant qu'on ne le retrouve chez d'autres auteurs », souligne marie-josé brochard, chez le concurrent du petit larousse. izzo, pour sa part, a popularisé un terme comme chourmo (bande d'amis), titre d'un de ses ouvrages (1). mais, s'il écrivait sur sa ville, l'ancien journaliste de la marseillaise n'employait que très rarement des mots et expressions de la cité phocéenne. loin d'andrea camilleri, grand auteur italien de noirs, qui s'est fait une spécialité de nourrir ses récits des expressions de sa sicile natale. on se niasque, on s'engatse... del pappas, lui, est un grand consommateur du vocabulaire marseillais. les pages de ses livres sont truffées d'expressions destinées à relever encore un peu une mixture bien enlevée. chez del pappas, entre les engambi (embrouilles), les girelles bien tanquées (jolies filles), les radasses (femmes de petite vertu), les ensuqués (à 2 à l'heure), les chapacans (personnages sans scrupules) et autres boucans (personnes au physique peu flatteur), ça marronne (enrage), ça espinche (surveille du coin de l'oeil), ça pite (ça mord), ça se niasque (prendre une cuite), parfois même ça s'engatse (ça s'emporte), mais ça n'oublie pas de furer (flirter). et quand il prend la mer constantin le grec, son héros récurrent, embarque sur un bateau baptisé l'« engatseur ». le glossaire, qu'il n'oublie jamais d'ajouter en fin de texte, avant les traditionnelles recettes de cuisine, comporte en général une bonne soixantaine de mots. avec quelques favoris, qui se retrouvent parfois en toutes lettres sur les couvertures de ses ouvrages (« le coeur enragué », « le royaume de dégun », « le jobi du racati » ou encore « le cafoutchi du diable » [2]). plus encore que les livres, l'image, à travers le cinéma et la télévision, est un formidable vecteur de promotion auprès d'un large public. avec près de 5 millions de téléspectateurs fidélisés chaque soir, la série « plus belle la vie », sur france 3, possède une puissance de feu des plus respectables. mais la langue parlée sur le plateau des studios de tournage de la belle-de-mai diffère de celle des marchés du prado, du vieux-port ou de la plaine. « c'est une série qui se passe à marseille mais qui se veut universelle », se défend-on du côté de la production. un choix parfaitement assumé par le directeur de collection de « plus belle la vie » : « on voulait éviter de faire de la pagnolade, plaide olivier szulzynger. on s'est interdit cette tentation. » la logique de production a privilégié l'option la plus fédératrice, au détriment du verbe marseillais, qui pouvait espérer trouver ici plus d'enthousiasme pour servir sa cause. des mots consacrés par les dictionnaires. les dictionnaires sont un bon indicateur du succès d'une langue régionale. pour se voir consacrés dans les pages de ces bibles du français, les mots doivent savoir s'imposer dans la durée. d'où l'insuccès de certains d'entre eux, pour lesquels l'engouement ne dépasse pas l'effet de mode. « nous ne sommes pas là pour précéder la langue, mais pour la suivre », justifie patricia maire. ainsi, le fameux mia d'iam n'a pas réussi à forcer le verrou, malgré le succès considérable de ce titre du groupe marseillais. trop éphémère, ont estimé les impitoyables rédacteurs de dictionnaires. le cacou (frimeur ou petit voyou) n'a pas eu plus de succès auprès des gardiens du temple, au petit robert. « on l'a étudié , reconnaît marie-josé brochard, car on l'entend fréquemment. on le lit aussi sur internet. » insuffisant, visiblement. mais le même cacou (avec la locution faire le cacou) a été jugé bon pour le service chez les concurrents : il fait son entrée dans l'édition 2008 du petit larousse. la porte y est, en revanche, restée fermée à la cagole. une moindre fréquence d'usage et un tempérament moins connoté expliquent cette différence de traitement. le passage dans lequel les prétendants doivent se faufiler apparaît ainsi des plus étroits. sur les cent cinquante nouvelles entrées recensées chaque année, cinq ou six, tout au plus, sont réservées aux langues régionales. pour faire sauter le verrou, certains s'y prennent à plusieurs fois. a l'image de notre tenace cacou, qui piaffe dans l'antichambre depuis des années. sur quelque 60 000 mots et expressions rassemblés dans le petit robert, on ne recense guère plus de vingt-huit mots de marseillais. jobastre (fou ou idiot), galéjer (ou galéjade), pécaïre (infortuné) sont les derniers entrants relevés dans l'édition 2008, parue en juin. ils succèdent à péguer et pégueux (coller et collant). chez larousse, collègue, escagasser, empéguer (s'enivrer), peuchère, ravi ou encore bader (admirer) sont les derniers promus en date. si le marseillais colore le français d'expressions généralement savoureuses, il ne le fait pas toujours pour le meilleur. il en va ainsi du mot bougnoule : utilisé autrefois pour désigner les campagnards venant s'installer en ville, le terme a mué vers une détestable stigmatisation raciale. par ailleurs, certains mots passés dans le langage courant et utilisés aux quatre coins de france sont parfois estampillés marseillais de façon un peu abusive. ainsi du verbe tchatcher et du mot tchatche. quand il entend évoquer à la télévision cette image d'epinal de la tchatche marseillaise, pierre blasi a bien du mal à ne pas perdre son sang-froid. cet ancien instituteur vient de sortir un petit lexique à la tonalité volontiers nostalgique (3). « tchatche n'est pas du marseillais mais un mot pied-noir ! » s'énerve l'auteur à l'épiderme sensible dès que « sa » langue est mise à mal. parfois, la maîtrise très relative du sens des mots provoque des situations plutôt amusantes. ainsi blasi aime-t-il évoquer, en souriant, ce reportage télévisé dans lequel un homme du nord de la france expliquait face à la caméra qu'il s'était déplacé avec sa... cagolette. radieuse, celle-ci ne se doutait probablement pas que les marseillais, devant leur téléviseur, la dévisageaient avec de grands yeux. elle aurait été surprise d'apprendre qu'elle était passée auprès des téléspectateurs phocéens pour une... gagneuse accompagnant son... souteneur ! 1. « chourmo », 1996, gallimard. a noter que c'est le massilia sound system qui avait relancé ce mot du provençal en en faisant le titre de son second album, en 1993. 2. autant de titres sortis aux éditions jigal. 3. « quand marseille parlait marseillais », edisud. une langue aux origines le parler marseillais est né de la rencontre du provençal et du français. « l'appropriation du français par les provençaux de marseille se fait à partir du xixe siècle, avec une accélération lors de la première guerre mondiale », précise nathalie binisti. dans une ville aussi cosmopolite que marseille, la langue s'est nourrie des mots et des expressions véhiculés par les différentes vagues migratoires. « l'italien reste la plus représentée de ces langues, relève nathalie binisti. autant dans le lexique, la prononciation, que dans la façon de dire, l'emphase et les grands gestes. » quand les mains soulignent la parole, la rue prend des allures de petit théâtre. parmi ces héritiers de l'italien, on trouve des termes comme chiapacan (voleur, homme sans manières), le très répandu engatse (embrouille), qui a autant de succès chez les jeunes que chez les anciens, ou encore l'emblématique oaï (désordre). chacun d'entre eux possède ses ambassadeurs privilégiés dans le milieu culturel : les livres, avec del pappas, pour les deux premiers termes, la chanson, avec oaï star, un groupe issu du massilia sound system, pour le dernier. avec sa prononciation particulière, fioli (fils à papa) permet de son côté de distinguer « les vrais des faux marseillais », selon philippe carrese, autre auteur vedette de polars. si les pieds-noirs ont rapporté dans les années 60 leurs propres expressions - avec par exemple brèle, dérivé de l'arabe bgel , qui désigne un idiot ou un cyclomoteur -, les échanges avec le maghreb existent depuis des siècles. du coup, constate nathalie binisti, « définir la langue qui a emprunté à l'autre est parfois difficile, comme pour le mot couffin, coufo en provençal et quffa en arabe ». enfin, poursuit-elle, le marseillais se nourrit aussi d'expressions « liées au mode de vie des habitants, aux lieux emblématiques de la ville ou à des histoires qui tiennent presque de la légende. » ainsi des très expressifs aller à la vierge, aller à l'évêché, des très fleuris va caguer à endoume !, va compter les vagues à l'estaque !, va te jeter aux goudes !, va chercher molinari !, de ce savoureux arriver comme belsunce ou encore du magnifique va sucer les os de tes morts ! des expressions sous influence les échanges entre le français et le marseillais ne sont évidemment pas à sens unique. ces interactions incessantes d'une langue à l'autre provoquent différents phénomènes linguistiques. certains mots du marseillais sont en réalité des mots français dont la signification a changé avec leur emploi près du vieux-port. ainsi de collègue, brave, figure ou encore de fifre, qui se sont affranchis de leur sens originel en s'installant à marseille. provoquant d'ailleurs un phénomène amusant : chargés de cette nouvelle définition, ils repartent à leur tour enrichir le français. certains termes provençaux et marseillais ont, eux, été francisés, comme les verbes emboucaner (empoisonner), s'embrailler (ajuster sa tenue) et encaper (prendre une direction). enfin, dans le vocabulaire marseillais, on trouve également des mots et expressions devenus désuets en français courant mais restés vivants à marseille, dans leur ancien emploi, comme si la ville jouait un rôle de conservatoire de la langue française. ainsi, par exemple, de l'expression « se languir de ». « beaucoup de marseillais ignorent son régionalisme et pensent être compris de tous en l'utilisant », souligne nathalie binisti. les flingues de sortie ! pour se glisser dans le vocabulaire courant, les mots marseillais empruntent parfois des chemins de traverse. ainsi, plusieurs termes ont d'abord colonisé l'argot un... flingue à la main ! on doit en effet cette réelle influence de la prose des bars marseillais sur le verbe des titis parisiens à des vrp d'un genre particulier : « de jeunes truands partis faire leurs armes à paris », précise pierre blasi. la révélation est-elle d'ailleurs si surprenante ? notre source accepte d'en dire plus, à ce sujet. « faire du rébecca, détaille pierre blasi, vient du marseillais rebéquer, qui signifie se rebiffer. c'est une expression qu'on trouve souvent dans les "san-antonio" ou chez albert simonin. » evidemment, le langage des mauvais garçons est souvent tourné vers les choses du sexe. a en croire notre informateur, le très osé chibre (lui aussi largement goûté par les mêmes auteurs, d'audiard à simonin) correspondrait en réalité à une argotisation du marseillais chimbre. vos reactions dernières réactions   soyez le premier à réagir sur cet article nom/pseudo* e-mail* si vous voyez ce message, veuillez ne pas tenir compte du cadre suivant et de le laisser *impérativement* vide. titre* commentaire* m’alerter lors de la publication de ma réaction. * champs obligatoires - publicité - villes > paris : nos adresses de l'été> ruée sur le badminton> la canne de combat > l'art de toréer > la baïlothérapie > espace sportif pailleron > piscine joséphine- baker > ken club [ plus d'articles ] le point sur... > rock and roll attitude la génération « baby boom » des années 50 aimait tellement le rock’n’roll qu’elle croyait possible d’en faire un mode de vie. le mythe dure encore, et les générations suivantes ont toutes tenté de le faire exploser… pour se le réapproprier. > rajeunir à tout prix des élixirs de jouvence à la chirurgie esthétique toutes les civilisations ont voulu repousser les effets du temps. le rêve ultime étant l’éternelle jeunesse. > immigration france pays d’immigration ! toute son histoire l’affirme, même si certains veulent que cela cesse, quand d’autres plaident pour que l’immigration soit mieux encadrée. > la malbouffe de la malbouffe au pays de la gastronomie, il y en a sans doute toujours eu. mais si les papilles gustatives ne sont plus éduquées, il y a pire, la malbouffe est parfois fabriquée pour plaire et non plus pour nourrir. > réforme de la justice réformer la justice est en france un travail sans fin. une perpétuelle adaptation aux m?urs sans doute, mais surtout le signe que notre démocratie fonctionne. > sexologie trop longtemps évitée par la médecine, celle-ci s’est enfin intéressée à l’étude de la sexualité humaine et de ses troubles, la sexologie. > tabac son poids économique fait souvent oublier qu’avant tout le tabac est un poison. petit à petit cependant, l’industrie de la cigarette recule. surtout dans les pays riches qui passent à d’autres distractions. > trafics de drogues véritable manne pour hors la loi, le trafic de drogue est 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