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xavier-marie bonnot vient de publier son premier livre, la première empreinte, à l’ecailler du sud. roman qui a obtenu le prix rompol (ex-aequo avec yvonne besson), prix totalement virtuel, décerné par les membres de ce forum de discussion. pour un coup d’essai, c’est, comme il est coutume de dire, un véritable coup de maître. il a bien voulu répondre à nos questions.
polar : xavier-marie bonnot, vous venez de publier “ la première empreinte ” à l’ecailler du sud. pourriez-vous vous présenter brièvement ?
x.m. bonnot : je suis né à marseille en 1962 et j'y ai vécu 30 ans avant de prendre la décision de monter à paris pour travailler. je suis réalisateur de documentaires et un peu journaliste.
p : “la première empreinte ” est-il votre premier roman publié ? avez-vous déjà écrit d’autres romans policiers ?
xmb : affirmatif ! j'avais écrit un premier roman... que j'ai jeté.
p : avait-il un rapport avec la première empreinte ? ou bien était-il complètement différent ?
xmb : totalement différent. mais le baron était déjà présent. je regrette de l'avoir jeté.
p : comment vous est venue l’idée de ce roman ? je suppose que votre > formation d’historien et de la grotte cosquer (bien qu’elle apparaisse sous > un autre nom dans le roman) un jour ça a fait tilt ?
xmb : il est difficile de dire comment une idée vous vient. elle germe dans votre esprit pendant de longs mois. la seule chose qui me travaillait était d'écrire un polar qui raconte marseille autrement qu'à travers quelques clichés. cette ville mérite mieux que des jeux de mots parfois douteux... j'ai donc imaginé une intrigue qui permette au lecteur de découvrir quelque chose de différent. la préhistoire marseillaise est particulièrement riche. l'idée qui avait germé a fini par me rendre la vie impossible. elle me bousculait sans cesse dans mon sommeil, comme une bête tenace. alors je me suis mis au travail.
p : etes-vous vous même plongeur ? avez-vous visité cette grotte ? connaissez-vous “ l’inventeur ” de cette grotte, henri cosquer ? savez-vous s’il a lu votre roman ?
xmb : je ne suis pas plongeur, mais comme tous les minots de marsiho, j'ai pratiqué un peu de chasse sous-marine. au printemps, quand on séchait les cours, on allait tenter sa chance dans les calanques. la seule fois où j'ai plongé avec des bouteilles, j'ai bien failli me noyer. celui qui m'a sorti de l'eau n'était autre... qu'henri cosquer. d'ailleurs, c'était lui qui m'y avait entrainé. oui, je connais l'inventeur de la grotte cosquer. il a lu le roman et m'a téléphoné pour me féliciter. jean courtin, plongeur et préhistorien qui a travaillé sur cosquer, a fait de même.
p : le nom du “ flic ” : de palma : est ce un clin d’œil à brian de palma ?
xmb : absolument pas. brian de palma est un cinéaste prodigieux, mais il n'est pas à l'origine de ce nom. par contre, peut-être sommes nous de la même famille...
p : est ce que le choix du surnom de de palma (le baron) est un clin d'oeil au baron d'anthony morton (récemment réédité au masque) ?
xmb : pas du tout. c'est effectivement un clin d'oeil, mais d'ordre personnel, amical.
p : est-ce que cette histoire de peinture dite du premier meurtre dans la grotte est un clin d'oeil aux meurtres en chambres closes ?
xmb : non plus. si vous faites allusion à la gravure qui existe réellement dans la grotte cosquer, il s'agit d'une des premières représentations du meurtre dans l'histoire de l'humanité. un meurtre rituel sans doute.
le premier meurtre ?
calanque de morgiou
p : etes-vous un amateur de “ polars ” ? en lisez-vous beaucoup ?
xmb : je suis devenu amateur de polars en écrivant un polar. depuis, je ne lis plus que ça. environ deux ou trois par semaine. en fait, cette passion n'est pas nouvelle, elle s'était simplement endormie. cela remonte à mon enfance, quand mon père me racontait des histoires de détectives. des histoires à épisodes qu'il inventait et qu'il contait avec un rare talent. unique même. les jours de grosses bêtises, j'étais privé d'histoire. terrible! en matière de polar, je lui dois tout... plus tard, je me suis détaché de cette littérature. avant d'y revenir, il y a quelques années...
p : si oui quels sont vos auteurs préférés ?
xmb : il y a tout d'abord les maîtres incontestés du genre: irish, simenon, chandler, capote, goodis... À lire et à relire. j'aime beaucoup la série des diskson de jean ray (encore un souvenir d'enfance). mention particulière pour chester himes. mais, parmi les vivants, le premier nom qui me vient à l'esprit est celui d'ellroy. le grand ellroy! viennent ensuite tony hillerman, bunker, mankell, jonquet, rankin, connelly... et bien d'autres. assez peu de français. désolé pour izzo, mais l'humanisme de cabanon m'ennuie très vite.
p : question traditionnelle : avez-vous une définition du “ polar ” ?
xmb : je n'ai pas de définition du polar. le plus souvent, les définitions m'inquiètent car elles ont tendance à poser des barbelés autour d'un genre littéraire. cependant, il ne faut pas se voiler la face, le polar ne traite que de certains types de sujets. disons que le ressort essentiel du polar réside dans l'intrigue, le plus souvent policière, et dans la manière de traiter la psychologie des personnages. pour ma part, le polar c'est un écorché de l'humanité. il y a toujours l'homme confronté à sa part d'ombre, à la brutalité. après avoir lu énormément de la "grande littérature", j'ai redécouvert la force de ce genre longtemps déconsidéré. le polar en dit plus sur la société que les fanfreluches intellectuelles des écrivains qui hantent les rentrées littéraires. et puis, disons-le: un bon polar est un livre qui vous tient en haleine d'un bout à l'autre.
p : puisqu’on parle définition du polar et que vous êtes marseillais : si je vous dis “ polar marseillais ”, qu’est ce que vous me répondez ? ceci parce qu’on parle de l’école du polar marseillais, que cela fait bondir certains auteurs, aussi j’aimerais savoir ce que vous en pensez.
xmb : si écrire un polar marseillais consiste à verser quelques gouttes de pastis sur un plat de mots, je ne suis pas de ceux-là... marseille est une ville monde, un décor somptueux pour l'écriture du polar, comme los angeles, new york ou londres. c'est une ville noire, rugueuse, violente et dure. une mosaïque de peuples harcelée par le chômage. le milieu y a ses habitudes et surtout ses méthodes. dans le fichier spécial de la répression du banditisme, les marseillais trônent de la lettre a comme altiéri à z comme zampa... question de prestige! on ne fait pas de la police à marseille comme on en fait dans d'autres villes de france. beaucoup de "grands flics" et de juges courageux l'ont appris à leurs dépens. il existe donc bien un particularisme marseillais et il me paraît tout à fait logique qu'il se retrouve dans les polars qui parlent de cette ville. existe-t-il une école du polar marseillais? je ne pense pas. il existe en revanche des auteurs qui assaisonnent leurs textes de particularismes locaux. avec plus ou moins de bonheur... tout cela peut faire penser à une école. mais il faut attendre encore quelques années pour voir ce qui va rester de cette école.
p : ce que j’ai aussi apprécié c’est que votre roman est débarrassé d’un certain folklore comme le dit justement le 4° de couverture, bien qu’il y ait des expressions traditionnelles et que vous avez mis comme carrèse, comme del papas un petit lexique.
xmb : le travail formidable de carrèse dépasse largement le cadre folklorique... pour ma part, le folklore ne m'intéresse pas car, le plus souvent, il instrumentalise les personnages et les situations et les enferme dans des conventions finalement assez lourdingues. c'est sûr qu'il y a les poissonnières du quai des belges qui vendent les poissons "vivants au prix des morts", les supporters de l'olympique qui "craignent dégun", les voyous qui s'affrontent à coups de calibres en pleine rue... marseille a énormément souffert du folklore et continue d'en souffrir. d'autant plus que nombre de marseillais revendiquent la niaiserie et la considère comme une des beaux-arts. c'est le côté provocateur et surprenant de la ville. faut faire avec. et tout le monde n'a pas le talent de pagnol... encore une fois, la cité phocéenne n'est pas la reine des comiques. artémis n'est pas une cagole. elle est grecque justement, et préfère la tragédie. c'est peut-être pour ça que l'opéra municipal fait souvent salle comble... la tragédie à côté de la légèreté et de la vulgarité. la violence la plus dure à côté de la pagnolade. ceci dit, les marseillais s'expriment naturellement avec des mots qui, passé aix en provence, sont inconnus de la plupart des lecteurs. aussi, il me semble logique de leur donner des explications en proposant un petit lexique. ceci n'a aucun rapport avec le folklore. les mots que j'ai utilisé sont très fréquents dans le parler marseillais. moi-même, je les utilise souvent, ce qui ne manque pas d'étonner mes amis parisiens.
p : autre question traditionnelle : combien de temps pour écrire “la première empreinte” ?
xmb : deux ou trois mois de travail effectif, étalés sur plus d'une année. cela fait des nuits d'insomnie, quand le commandant de palma me tirait du lit pour me dicter ses états d'âme.
p : avez-vous un autre roman en chantier ? de palma va-t-il devenir un personnage récurrent ? je pense que nous sommes nombreux à l’espèrer !
xmb : de palma a reçu un sérieux coup sur la tête. il doit s'en remettre! pas plus tard que la semaine dernière, il m'a téléphoné pour me dire qu'un tueur redoutable sème la terreur en camargue. le curé de tarascon pense même qu'il s'agit de la tarasque, ce monstre redoutable qui hantait la région aux premiers temps du christianisme et dont on a jamais su vraiment s'il avait disparu. sainte marthe a peut-être mal fait son boulot. qui sait?
p : de palma quitte marseille ? si tout va bien on le lit quand ?
xmb : de palma n'a pas quitté la criminelle du srpj de marseille. simplement, il se retrouve avec une enquête sur les bras, dans un secteur dépendant du srpj. mais tout n'est pas aussi simple, l'antenne de tarascon a déjà commencé le travail et s'est orienté sur de fausses pistes. comme dit le proverbe: écriture en décembre, lecture en avril.(le proverbe ne dit rien sur l'éditeur.)
une vue des calanques
vue en coupe et vue de dessus de la grotte cosquer
passons au questionaire de proust, si vous le voulez bien :
quel est votre principal trait de caractère? l'opiniâtreté. je termine toujours ce que j'entreprends.
la qualité que vous préférez chez un homme? l'intégrité.
et chez une femme? l'intelligence.
ce que vous appréciez le plus chez vos amis? leur fidélité.
votre principal défaut ? l'impatience.
votre occupation préférée ? l'écriture.
votre rêve de bonheur ? une partie de pêche en bateau, avec la famille et les amis, du côté de riou et de plane, des îles aux large de marseille.
votre plus grande peur ? la mort de mes proches...
ce que vous voudriez être ? prix nobel de littérature policière... plus sérieusement, être moi-même jusqu'au bout.
où aimeriez-vous vivre ? dans une maison du petit port des goudes, ou de sourmiou, commune de marseille.
la couleur que vous aimez ? le bleu, mais pas toujours. parfois, l'ocre rouge.
vos auteurs favoris en prose? balzac, cendrars, dos passos, céline, giono, ellroy, hillerman...
vos poètes préférés ? rimbaud, baudelaire, neruda, eluard, brauquier.
vos héros / héroïnes dans la fiction ? tristan et isolde.
vos héros / héroïnes dans la vie réelle ? gerry adams et les petites gens de tous les jours.
et votre livre de chevet, si vous en avez un ? j'en avais un: les hauts de hurlevent, emily brontë.
vos compositeurs préférés ? verdi, puccini, wagner, strauss (richard), beethoven, mozart, mahler, debussy, fauré, Éric satie, chuck berry, les rolling stones, les doors, les sex pistols et les clash.
les prénoms que vous préférez ? jean... raphaël, camille, léna.
vos peintres favoris ? matisse, cezanne, léger, picasso, dellepiane, miro.
votre film culte ? désolé, j'en ai deux: la prisonnière du désert (john ford) et route one usa (robert kramer).
votre actrice préférée ? gene tierney
votre boisson préférée ? le châteauneuf du pape ("télégraphe" ou "domaine charvin", ce sont les seigneurs du breuvage pontifical). le bourgogne "bonnes mares". les bordeaux sont trop faciles à comprendre...
que détestez-vous par-dessus tout ? les "valeurs" actuelles: le mépris, l'arrivisme, le paraître,la superficialité, la vulgarité, le sans-gêne, le snobisme. en cuisine: la dorade mal cuite. au cinéma comme en littérature: les personnages monolithiques et moralisateurs (voir guédiguian et izzo).
quel personnage historique détestez-vous le plus? laval.
la réforme historique que vous admirez le plus ? la classification des vins en aoc.
votre plus grand regret ? ne pas avoir terminé ma thèse d'histoire.
les fautes qui vous inspirent le plus d'indulgence ? les fautes d'orthographe! plus sérieusement, toutes les fautes commises par peur et non par calcul.
comment aimeriez-vous mourir ? tout d'un coup. le nez sur mon clavier d'ordinateur. mais vieux... bien entendu.
votre devise ? in vino veritas, in julio iglesias.
nous vous remercions pour vos réponseset rendez-vous pour le prochain “de palma”
une partie de l’action de “la première empreinte” se passe autour de l’église du village de st julien, en voici deux vues.
pour en savoir plus sur la grotte cosquer : http://www.culture.fr/culture/archeosm/fr/fr-medit-prehist.htm
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