george albert
george albert
le photographe
arrivé de son beaujolais natal, où "lorsqu'on grimpe un rocher
on a toutes les chances de trouver une vache au sommet!", il entreprit
assez rapidement de courir les collines avec un appareil à plaques
puisque certaines de ses photos sont datees 1929 et 1932. il avait
à coté de
son cabinet médical, une petite salle qu'il appelait la salle à
pansements et où trônait sur la droite un agrandisseur. cette pièce se
continuait par ce qu'il appelait son cagibi, qui lui servait de bureau
avec planche à dessin, bouquin de trigo, plumes, encre de chine, une belle boite
de crayons de couleur conté que je convoitais. il y passait des heures calculant,
dessinant, fumant cigarette après cigarette, et s'il n'a pas succombé à
un cancer du poumon ç'est probablement grâce aux autres heures passées
en plein air dans ses collines préferées.
autoportrait en
1932
le géomètre
il
fit le plan du clos et des 2 sources avec l'aide du jardinier et d'un
décamètre. dans les
calanques il utilisait un théodolite dans une caisse en bois, ou une
planchette. ma mère et moi tenions la mire. il prenait ses notes et
faisait ses calculs de trigonométrie sur d'innombrables carnets. il
m'initia aux visées et aux relevés de planchette avec l'alidade , mais
nous faisions surtout les sherpas, ce qui d'ailleurs fût mon surnom à
l'époque de la carte de la grande candelle. car en plus du
théodolite dans sa boite, il y avait le trépied à porter! il disait qu'il
utilisait les techniques de 1910.
il
se servait de ses photos pour faire des courbes de niveau. pour les cartes des
domaines il a utilisé la triangulation qu'il avait établie lorsqu'il a
fait les deux cartes des massifs de marseilleveyre et de puget, qui sont
reproduites au début des livres d'escalades correspondants
au
travail sur la carte de la candelle avec en toile de fond l'ile de
riou et le cap morgiou ou se trouve la grotte cosquer
au
travail dans le massif de st michel avec le théodolite
au
travail sur la carte du domaine de la gardiole
le
navigateur
il
avait loué un cabanon aux goudes , il acheta un bateau ou plutôt une
bètte, la petite raymonde.
il
naviguait comme il faisait de l'escalade , pour le sport. je le revois
sortant un jour de mistral qui rendait la mer d'un vert laiteux
devant les goudes. on voyait le fond de la petite raymonde quand elle
montait à l'assaut des vagues. il portait un feutre marron durci par le
sel.
remise en état de la
petite raymonde sous l'oeil interéssé de riri soler son beau-frère et
jean meunier son ami
la petite raymonde était à riou en 1932 (cliché dr.albert)
pendant la
guerre mes parents allaient à 4 rames et une petite voile qu'ils
utilisaient pour camper dans les parages de la
calanque de l'oule.
elle fût parquée à port
miou lors de la voie de la bonne femme dans le devenson, la dernière
grande première de georges albert et jean meunier.
après la mort de son beau-père, il racheta le flambeau, y installa un
moteur delaye et une boite couach, ce fût le bateau de riou
on voit derrière le
flambeau le débarcadère qui disparût dans la tempête de labé
arrivée du flambeau
à fontagne après 64 (voir le cabanon)
le
constructeur
il
savait tout faire de ses mains. dans tous les campings qui
servirent de base pour des escalades de longue durée, comme au rocher de
calissane, il construisait en pierres sèches des cheminées
destinées à permettre la cuisine sur la braise, et le chauffage le soir.
construction de la
cheminée du camping de calissane , sous les pins qui gelèrent en
1957
près du rocher dont il escalada toutes les faces
dans le vallon des charbonniers il me donna un cours de construction de
mur de pierre, en réparant un abri, semblable à celui qu'il batit en
1946 dans la diaclase de fontagne
le
cabanon de fontagne est une étude de maison-minimum pour 2
avec une vraie cheminée à l'interieur. par contraste le mausolée qui
devait abriter la pompe et la vasque à eau pour les animaux me parait
disproportionné, mais le relief d'amphore est assez reussi , bien qu'il
ne soit pas représentatif des amphores de la fons
joseph lingria ,
georges albert (auto-portrait)
le
grimpeur
il
joignit le groupe de l'araignée crée par bouisson et meunier pour
apprendre à grimper
il
était le plus vieux du groupe . . il en prit la tête d'autorité assez
rapidement.
de
tous les noms que j'ai entendu prononçer, bouisson, guillot, meunier ,
rebuffat, coudray, c'est sans conteste jean meunier qui fût le second le
plus fidèle. ils signèrent ensemble le 24 mai 1951 la première des
falaises soubeyrannes parce qu'elles sont les plus hautes de france,
mais le cap canaille s'il limite les calanques n'offre que de l'escalade
facile dans du terrain propice aux éboulements
pendant la guerre il fabriquait ses pitons sur une forge. pitons,
mousquetons, étriers et marteau, la panoplie du grimpeur d'escalade
artificielle. ma mère qui lui servait de second, était la dépitoneuse
attitrée, et devait tout enlever. aussi je fus surprise
d'apprendre qu'il avait donné tous ses pitons à un de ses clients pour
qu'ils soient scellés dans les voies les plus populaires afin d'éviter
la dégradation dûe au dépitonage
le
spéléologue
il
ne pouvait manquer de faire de la spéléo . ma mère adorait ça. le nom
prononçé avec le plus de respect était sans conteste le gouffre des 4
trous. là encore, les amis de toujours suivirent. ce fut ma seule
expérience de descente sur échelle.
en
compagnie de joseph lingria, un des fidèles.
ils partageaitent surtout l'amour de la mécanique. lingria était
tourneur aux etablissements onis du blvd des vignes , et lorsque mon
père avait besoin d'une pièce pour la delage ou le bateau, c'est lingria
qui la faisait ou l'aidait à la faire.
le médecin
son père et ses 3 oncles étaient tous médecins, il avait peu de chance
d'y échapper. il a dit assez souvent qu'il aurait dû devenir ingénieur.
passé l'enthousiasme de ses débuts en pédiatrie (il préférait les
enfants "car ils ne racontent pas d'histoires") je pense que la médecine
fût la grosse déception de sa vie. il me déconseilla de suivre cette
voie, et bien plus tard il me confia que "l'on ne sait rien en fin de
compte".
il
était un diagnosticien de première classe, mais je crois qu'il n'a
jamais accepté le sentiment d'impuissance lorsqu'il savait un
client, un ami
ou un proche condamné. lui-même souffrit pendant des années d'un ulcère
au duodénum qui se guérit avec sa retraite, et lorsqu'il perdit la vue il me dit qu'il suivait
l'évolution de la macula sur le mur de sa chambre.
pourtant il fût aussi un carabin, il fit la fête, il eut des voitures de
sport, il claqua des sommes importantes au casino. dans quelle mesure
faisait-il cela pour ennuyer sa famille de bourgeois? il parlait argot,
jurait, blasphémait .
ayant été pensionnaire au collège de jésuites de
montgré , il disait "on sort de là ou comme eux, ou contre eux"
l'ami des
bêtes
finalement je crois que la majorité des gens l'ennuyaient. seuls
ceux qui avaient un talent et lui apprenait quelque chose avaient grâce
à ses yeux. il admirait le père singer, charpentier qui rabotait devant son
cabanon, avenue de la pétanque, les reins ceints d'une taillole rouge.
lui n'était pas à l'aise dans son role de
père. mais il était un alpha male. cela se voyait dans ses relations
avec les animaux. il aurait pu charmer les serpents. comme il respectait
la vie sous toutes ses formes , on s'arrêtait pour ne pas écraser une
couleuvre sur la route , on faisait un détour dans les broussailles pour
ne pas détruire la toile d'une épeïre tendue au milieu d'un sentier.
elle s'en tirait avec un chatouillement de la panse, ce qui fait que je
n'ai pas peur des araignées ni des rats, grâce en particulier à
joséphine, une des rates dont il parle dans le récit de la découverte, et dont
les rejetons surnommés les fils, parce qu'ils étaient gros comme un fil,
venaient manger des miettes de pain dans ma main; ils ressemblaient à
des mickeys miniatures.
les chiens, les chats cela va sans dire.
la
grosse biquette ,la chienne-loup compagne des années de guerre eu droit
à une première d'escalade canine. elle trone sur la plage de l'aiglon
dans la photo de la calanque de 1932.
ce
fût meunier qui se dévoua pour mettre fin à sa vie. je ne crois pas que
mon père aurait pu.
il
aimait tirer au fusil, et la bigue de riou porte des traces de
balle de fusil de guerre, mais il ne chassait pas . il ne pêchait
pas non plus. il s'adonna à la pêche aux fioupelans parce qu'il les
prenait à la main et de nuit, et que sa belle-mère en raffolait. mais il abandonna cela aussi, et dans la
petite calanque de plane nous mettions des os de cotelettes pour les
crabes, et le poulpe qui s'aventurait , se faisait gratter entre les
yeux, et finissait par enrouler ses tentacules pour bien profiter de ce
traitement amical inattendu
le
passioné d'automobile et de mécanique
il
racontait qu'un de ses amis de collège était un duc qui avait un chateau
avec une orangerie qui servait de garage à une bugatti de course.
a ce moment là, on pilotait avec son mécanicien assis à coté. mon père
faisait le mécano! leur carrière se termina par une sortie de route à
travers une haie épineuse.
dans les années 50 il fit plusieurs fois la course de côte du ventoux avec la delage.
il
la restaura complètement, nous mettant à contribution pour le
ponçage, la voiture étant bordeaux à l'origine il fallut ponçer jusqu'à
la tole car il la repeint blanc bleuté et bleu fonçé, et le blanc gardait une
nuance rosée qui n'était pas à son gout
il
installa un petit carburateur pour la circulation en ville,
parallèlement aux 3 pour la route.
a
partir de 1955 il décida d'aller aux 24 heures du mans. on partait
à l'aube et on arrivait au mans 8 heures plus tard. je faisais le
navigateur, il n'y avait pas d'autoroutes à l'époque.
on essayait chaque année de battre notre temps. c'est ainsi que je passais la seconde partie de mon bac au
mans en 1958, et que nous dûmes camper 2 semaines en bretagne pour
attendre l'oral. j'eus droit au grand prix de monza et venise pour mes
20 ans.
ce
qui faisait sa fierté c'est d'avoir trouvé du carburant pour nuvolari au
gp de marseille juste après la guerre. il était le médecin de robert
manzon qui courrait sur simca gordini avec maurice trintignant , l'oncle
de l'acteur. en 1948 à l'age de 7 ans j'assistais donc à mon premier gp à
marseille
et vis gagner fangio qui fut l'idole de ma jeunesse
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