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les larmes sèches (partie ii)
par obni,
mardi 5 avril 2005 à 00:00 :: mots écrits
:: #355
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ainsi font, font, font quelques bribes de vie et puis s'en vont… flash : longue route toute droite entre le village provençal des milles et le hameau de roquefavour. Écrasante chaleur. un gamin maigrichon et mélancolique en vélo et un homme mûr en mobylette bleue. ils s'arrêtent pour ramasser des escargots sur des fenouils. l'enfant doit avoir 10 ans. ils avancent… au point où le plus âgé, demande :
- tu vas chercher la mobylette ? (ses yeux pétillent et il continue comme si de rien était)
l'enfant écarquille les yeux. il a du mal entendre, c'est évident.
- je la pousse jusqu'ici ?
- non… tu mets en marche le moteur et tu viens la garer à côté de nous.
le gamin va conduire pour la première fois le cheval à moteur.
flash : port des goudes. un petit vent d'été. des clapotis le longs des barques. le môme a maintenant 11 ans.
ils pêchent le long des rochers. soleil splendide. l'adulte jète sa ligne à la mer, mouline un peu pour attirer le poisson, broumitche.
l'enfant se risque à mettre un ver à l'hameçon… mais ça le dégoûte… il déteste.
l'adulte passe alors toute sa matinée à lui enfiler des esques gluants. et le fiston ramènera un butin.
flash : voix forte. Éclats de rire et le silence un jour après de juillet. À jamais son silence à lui.
flash : un escalier trop étroit. un cadavre que l'on monte dans un linceuil. l'adolescent -grand et costaud- tient le drap noué et sent le corps rigide qui le pousse en arrière. c'est lourd. ça glisse… il faut forcer… l'escalier est très tortueux. lui, il ne veut que personne d'autre ne fasse ça. c'est son père.
plaie béante dans sa tête, son bout d'obus… il n'oubliera jamais. sa seule récompense : il a rendu sa dignité à ce corps mort qui a pu rejoindre son foyer. c'est un peu plus tard, qu'il a voulu virer les gens qui parlaient d'autre chose. lui, ne voulait plus que le silence. un silence chargé.
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commentaires
1.
le lundi 4 avril 2005 à
23:32, par
jf
comme la fumée gitane, qui arrache la gorge, fait monter les souvenirs dans le coeur, les laisse en suspens autour de l'âme, avant que le vent du présent ne les disperse, jusqu'à la prochaine bouffée.. fume c'est du bon..
2.
le mardi 5 avril 2005 à
00:03, par
samantdi
ce sont des images fortes.
merci de les partager avec nous, obni, merci de partager avec nous l'amour d'un fils pour son père, d'un père pour son fils.
peu de mots, des regards, des actes.
le mot qui me vient : "des eaux-fortes".
3.
le mardi 5 avril 2005 à
10:25, par
feerisette
gorge nouée... sans aucun mot... ta note me touche car elle me fait revivre le même manque indicible, les mêmes souvenirs oh combien poignants... tout remonte d'un seul coup ce matin...
4.
le mardi 5 avril 2005 à
14:54, par
sistereden
je découvre ce blog avec beaucoup de plaisir, en écoutant alexiou et quelques autres grecs, qui me rappellent le temps où chaque année la grèce m'était indispensable.
5.
le mardi 5 avril 2005 à
17:28, par
catz
du concentré essentiel d'élixir de larmes séches, alors!
(et cette "chasse aux tièdes" finale a un je-ne-sais-quoi qui me fait penser à celle des marchands du temple…)
6.
le mardi 5 avril 2005 à
22:05, par
lacigale
touchée moi aussi par ce silence chargé qui m'en rappelle un autre...et l'éclat d'un rire qui manque
7.
le mercredi 6 avril 2005 à
11:03, par
avanaé
voilà un texte qui sait faire monter l'émotion.c'est très beau, et les goudes ...
magnifique.
8.
le mercredi 6 avril 2005 à
13:42, par
chrysalide
texte émouvant des pages de l'enfance qui se tournent, d'êtres chers qui nous ont fait grandir, devenir ce que nous sommes. nous les portons toujours en nous.
9.
le mardi 28 août 2007 à
07:38, par
douja
larmes mouillées.
10.
le mardi 28 août 2007 à
07:55, par
obni
quand on pense que la personne (dont je ne prononce plus le nom) est à l'origine de cet événement tragique et béant comme une plaie qui saigne encore. pfffff !
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